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À propos

À une époque d’immigration croissante, la langue est devenue une question clé dans les débats sur l’intégration dans les sociétés démocratiques. Bien qu’il semble y avoir un sentiment dominant selon lequel les nouveaux arrivants devraient apprendre la langue de la société d’accueil, il existe peu d’accord sur ce que cela signifie en pratique.

• Doit-on attendre des nouveaux arrivants qu’ils apprennent les langues de la société d’accueil et, dans l’affirmative, jusqu’à quel niveau de maîtrise ? Comment et quand doit-on s’attendre à ce qu’ils utilisent ces langues ?

• Les attentes doivent-elles s’étendre à l’utilisation des langues de la société d’accueil dans le cadre d’interactions informelles et privées ?

• L’intégration linguistique doit-elle être comprise uniquement comme l’apprentissage des langues de la société d’accueil ou doit-elle se référer plus largement à l’intégration des nouveaux arrivants dans la société par le biais de la langue ?

• Quel niveau de soutien ou de formation linguistique les sociétés d’accueil devraient-elles fournir pour permettre aux nouveaux arrivants d’acquérir leurs langues ?

• Dans quelle mesure les besoins linguistiques des nouveaux arrivants devraient-ils être pris en compte par les institutions publiques dans des domaines tels que l’éducation, les soins de santé, le droit et la police ?

• Et plus généralement, comment les intérêts de la cohésion et de la mobilité sociales qui sont servis en garantissant une certaine compétence dans les langues de la société d’accueil doivent-ils être mis en équilibre avec les intérêts que les nouveaux arrivants peuvent avoir à conserver leur patrimoine linguistique distinctif ?


Les positions sur ces questions sont souvent justifiées en faisant appel à des principes démocratiques libéraux tels que l’équité, l’égalité, les droits et les devoirs, ce qui souligne la nature fondamentalement éthique de ces débats. Cependant, alors que les questions éthiques liées à la race, à l’ethnicité et au genre ont reçu beaucoup d’attention, les défis éthiques liés spécifiquement à l’intégration linguistique sont encore largement sous-explorés. Par conséquent, on comprend mal ce qui constitue des méthodes justes et équitables d’intégration des nouveaux arrivants dans les langues de la société d’accueil et les attentes légitimes des nouveaux arrivants et des sociétés d’accueil en ce qui concerne leurs droits et responsabilités dans le processus d’intégration linguistique.

Financé par un Leverhulme Trust Research Project Grant, le projet Éthique de l’intégration linguistique (ELI) (2024-2027) vise à combler cette lacune en proposant la première étude interdisciplinaire systématique de l’éthique de l’intégration linguistique. Il examine les défis éthiques posés par l’intégration linguistique dans les sociétés démocratiques à la lumière des principes libéraux fondamentaux, dans le but de développer un cadre théorique consolidé pour comprendre l’éthique complexe de l’intégration linguistique. Il se concentre également sur trois contextes différents (Angleterre, Québec et Pays de Galles) afin de reconnaître la complexité de l’intégration linguistique en tant que produit de diverses circonstances sociolinguistiques et politiques. En effet, les considérations éthiques dans les sociétés à langue majoritaire comme l’Angleterre diffèrent de celles des régions à « majorités fragiles » (McAndrew 2013) incapables de s’appuyer uniquement sur le statut de leur langue pour l’intégration, comme c’est le cas au Québec, ou des contextes à langue minoritaire avec des efforts de revitalisation en cours, comme au Pays de Galles. Combinant de manière fructueuse les idées et les méthodes de la linguistique appliquée, de la sociolinguistique et de la théorie politique normative, le projet offrira une forme d’analyse éthique nuancée et fondée qui prend en compte les multiples facettes de l’intégration linguistique dans divers contextes.